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Dans un souci de transparence et d’information, le BFP publie régulièrement les méthodes et résultats de ses travaux. Les publications sont organisées en séries, entre autres, les perspectives, les working papers et planning papers. Certains rapports peuvent également être consultés ici, de même que les bulletins du Short Term Update publiés jusqu’en 2015. Une recherche par thématique, type de publication, auteur et année vous est proposée.
Ce rapport présente les résultats de la version de juin des « Perspectives économiques 2023-2028 ». Il décrit le contexte international et les perspectives pour la croissance économique belge, l'inflation, la consommation d'énergie, les émissions de gaz à effet de serre, le marché du travail et les finances publiques. Ces perspectives ont été établies sur la base des informations disponibles au 6 juin 2023.
Les prévisions et perspectives présentent des évolutions futures de la Belgique, dans les domaines socioéconomique, budgétaire et énergétique ainsi que pour la demande de transport.
En 2022, la croissance du PIB belge a, d’une part, bénéficié de la poursuite du mouvement de rattrapage post-Covid mais a, d’autre part, été freinée par la flambée des prix des matières premières, les perturbations des chaînes d’approvisionnement au niveau international et l’incertitude liée à la guerre en Ukraine. La croissance économique a, dans un premier temps, bien résisté, avant de nettement ralentir au second semestre, mais tout en restant légèrement positive. Sur base annuelle, elle s’est établie à 3,2%.
Parallèlement au ralentissement de l’inflation, la croissance du PIB a rebondi au premier trimestre de cette année (0,5%) et devrait rester assez dynamique durant le reste de l’année (0,4% par trimestre en moyenne). Cependant, en raison d’un faible effet d’acquis de croissance, la croissance du PIB belge mesurée sur base annuelle reste limitée à 1,3%. Elle est plombée par une contribution négative des exportations nettes et des variations de stocks mais soutenue par le dynamisme de la consommation des particuliers et la reprise des investissements (hors logements).
En 2024, la croissance du PIB devrait remonter à 1,6%, portée par l’amélioration de la conjoncture internationale et une légère accélération de la croissance de la demande intérieure. Celle-ci est freinée par une croissance moins prononcée de la consommation des particuliers (1,8%, après 2,5% en 2023) mais est davantage soutenue par l’évolution des stocks, qui se stabiliseraient après une forte baisse en 2023. Durant la période 2025-2028, la croissance du PIB s’élèverait à 1,4% par an et serait soutenue par quasiment toutes les catégories de dépenses. Seuls les investissements publics affichent une légère contraction pendant cette période.
Au cours de la période 2020-2028, qui comprend la crise Covid, la crise énergétique et les reprises qui s’en suivent, l’économie belge progresserait dès lors de 1,3% par an en moyenne, tout comme la zone euro dans son ensemble.
Le solde des opérations courantes de la balance des paiements a encore été légèrement positif en 2021 mais, en 2022, la flambée des prix de l’énergie a donné lieu à un déficit très important (-3,6% du PIB). Il se réduit durant la période de projection (surtout en 2023) mais demeure élevé dans une perspective historique. Les prix internationaux de l’énergie restent en effet à des niveaux supérieurs à ceux qui étaient de mise avant la crise énergétique.
L'inflation belge est traditionnellement très sensible à l'évolution des prix de l'énergie. Elle a culminé à un peu plus de 12% en octobre 2022, avant de retomber par la suite, atteignant 5,2% en mai 2023. La baisse des prix de l'énergie continuera à exercer une pression à la baisse sur l'inflation jusqu'en octobre 2023. Le ralentissement rapide de l’inflation masque toutefois une inflation sous-jacente qui demeure élevée. Certains signes indiquent néanmoins que l'inflation sous-jacente a atteint son pic et qu'elle pourrait commencer à refluer. Ce repli serait cependant très lent : l'inflation sous-jacente s'élèverait en effet encore à 2,5% à la fin de l’année 2024.
Sur base annuelle, l’inflation, mesurée à l’aide de l’indice national des prix à la consommation, fléchirait de 9,6% en 2022 à 3,3% en 2024, mais il faudrait attendre 2025 pour que l'inflation repasse sous la barre des 2%. L'inflation sous-jacente serait alors inférieure à 2% et l'évolution des prix de l'énergie n’aurait plus qu’un impact limité.
Compte tenu de la norme salariale pour 2023 et 2024 imposant une croissance nulle, des primes « pouvoir d’achat » (en 2023) et des accords sociaux dans le secteur des soins de santé, les salaires bruts horaires avant indexation augmenteraient de 0,2% en 2023 et de 0,1% en 2024. Au cours de la période 20252028, ils progresseraient, compte tenu de la productivité et du taux de chômage, de 0,6% en moyenne. Les réductions de cotisations sociales patronales octroyées temporairement en 2023 garantissent que la hausse du coût nominal du travail (7,3%) serait, cette année-là, significativement moins élevée que la hausse engendrée par l’indexation (8,1%). La croissance du coût horaire nominal du travail devrait retomber à 3,4% en 2024 et à 2,5% par an en moyenne au cours de la période 2025-2028. Considérées dans leur ensemble, les cotisations patronales et les subventions salariales n’auraient, en comparaison avec 2022, pratiquement pas d’impact sur le coût horaire du travail durant la période de projection.
La croissance de l’emploi au cours de la période 2020-2022 a été presque aussi forte que celle observée durant les années 2017-2019, et ce malgré la crise sanitaire. De plus, la pandémie n’a pas affecté durablement la répartition sectorielle de l’emploi. Au cours de la période 2017-2022, les créations d’emplois ont été exceptionnellement élevées, non pas tellement en raison d’une croissance remarquable de l’activité économique, mais surtout parce que cette dernière a été beaucoup plus intensive en main-d’œuvre.
À moyen terme, la croissance de la productivité horaire s’accélère tandis que la durée du travail continue d’augmenter légèrement. Vu une croissance de l’activité économique inchangée, les créations d’emplois sont moins nombreuses dans le secteur marchand durant la période 2023-2028 (croissance annuelle moyenne de 1,0%, contre 1,5% durant les années 2017-2022). Cela vaudrait pour l’industrie manufacturière et la construction, où la croissance de la productivité dépasse à nouveau celle des services marchands, contrairement à ce qui a été observé au cours des six dernières années. Cela vaudrait également pour pratiquement toutes les branches de services marchands et davantage encore pour le secteur public.
La population active occupée augmente donc sensiblement moins durant la période de projection (+276 000 personnes, contre +416 000 durant la période 2017-2022), mais il en va de même pour la population d’âge actif (+36 000 personnes, contre +115 000). Cette dernière bénéficie encore, en 2022 et 2023, de la forte impulsion liée à l’arrivée des réfugiés ukrainiens mais ne s’accroît quasiment plus à partir de 2024. Le taux d’emploi de la population âgée de 20 à 64 ans (définition EFT) continuerait dès lors d’augmenter sensiblement, passant de 71,9% en 2022 à 74,6% en 2028. Notons que ces chiffres ne tiennent pas compte de l’importante hausse de l’emploi des plus de 64 ans.
Le taux de chômage a reculé de 12,3% à 8,1% entre 2014 et 2022, une baisse qui n'a été que brièvement interrompue au moment de la crise sanitaire. Cette année, toutefois, le taux de chômage remonterait à 8,4%, en raison du ralentissement de la croissance de l’emploi, de l’inscription d’une partie des réfugiés ukrainiens comme demandeurs d’emploi et de l’élargissement du groupe-cible de personnes non indemnisées pris en charge par les services régionaux de l’emploi. Ces deux derniers facteurs atteignent leur vitesse de croisière l’an prochain, de sorte que, vu la croissance pratiquement inchangée de la population active occupée, le taux de chômage baisserait alors à 8,0%. Cette baisse s’interrompt à nouveau durant les années 2025-2026, en raison du relèvement de l’âge légal de la retraite à 66 ans qui se traduit par une accélération de la croissance de l’offre de travail. À partir de 2027, le taux de chômage repart à la baisse, pour atteindre 7,2% en 2028.
Le recul du taux de chômage serait donc assez modeste à moyen terme. L’augmentation de l’emploi repose alors principalement sur l’augmentation de la population active. Cette dernière est soutenue, en 2022-2023, par l’évolution favorable des taux d’activité dans les classes d’âges jeunes et moyens et, dans une moindre mesure, par l’arrivée des réfugiés ukrainiens. À moyen terme, elle repose surtout sur la poursuite de l’augmentation des taux d’activité des classes plus âgées.
Le déficit public passe de 3,9% du PIB en 2022 à 4,8% en 2023 puis recule légèrement à 4,7% en 2024. Il tend par la suite à augmenter légèrement chaque année. À politique inchangée, il dépasse 5% du PIB dès 2026, alors que le programme de stabilité vise à repasser sous la barre des 3% à cet horizon
En 2023, les aides fédérales pour aider les ménages à faire face à la hausse des prix de l’énergie restent importantes en début d’année et sont complétées par une réduction temporaire des cotisations patronales et par des aides régionales aux entreprises notamment. Les effets d’année pleine des multiples indexations de 2022 renchérissent les rémunérations publiques et les revenus de replacement. Les charges d’intérêts repartent à la hausse après plus de trois décennies de recul. Face à ces coûts supplémentaires, la progression des recettes ne suffit pas. Elle est pourtant assez élevée vu la taxation des surprofits énergétiques, la hausse nominale des revenus du travail à la suite des indexations, la progression des revenus mobiliers et un certain maintien de la profitabilité des entreprises malgré le recul de la croissance économique.
Il ne subsiste en 2024 pratiquement plus aucune des aides temporaires mises en place en 2022 et 2023 pour faire face à l’inflation. Pourtant, le déficit public ne recule que modérément. Les recettes pâtissent de différents facteurs, dont le contrecoup des taxes sur les surprofits de 2023 et l’arrivée en régime de croisière de la réforme du précompte professionnel. Les investissements publics sont en nette augmentation en liaison avec le cycle des investissements des pouvoirs locaux, la mise en œuvre des visions stratégiques de la Défense et le calendrier d’exécution des plans de relance. Les dépenses sociales augmentent davantage que le PIB et les charges d’intérêts poursuivent leur remontée.
Dans les années suivantes, la croissance économique n’est pas suffisamment forte pour générer des recettes qui permettraient de compenser la croissance des dépenses, en particulier des dépenses de pensions et de soins de santé, et l’augmentation des charges d’intérêts. Il s’ensuit que le déficit est en légère augmentation sur la période 2025-2028, malgré une évolution contenue des frais de fonctionnement des administrations et l’arrivée à terme des dépenses prévues dans les plans de relance.
La hausse du déficit public à moyen terme est logée dans l’entité I (pouvoir fédéral et sécurité sociale). Le solde des entités fédérées, considérées globalement, s’améliore progressivement. Cette amélioration est attribuable à la Communauté flamande et à la Région wallonne. Le solde de la Communauté française et celui de la Région de Bruxelles-Capitale évoluent peu à moyen terme.
La dette publique se monte à 105% du PIB en 2023 et atteint 114% du PIB en 2028. Cette hausse résulte de la normalisation progressive de l’inflation – qui a fortement érodé la valeur relative de la dette en
2022-2023 –, de l’augmentation des taux d’intérêt et de l’ampleur du déficit primaire. Le taux d’intérêt moyen de la dette reste encore inférieur à la croissance économique nominale, ce qui exclut une autoalimentation de la dette par les charges d’intérêts (absence d’effet « boule de neige »).
Les “Perspectives économiques 2023-2028” ont été élaborées en tenant compte des informations disponibles au 6 juin 2023.
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