Avant la Covid-19, le bien-être était déjà en diminution (03/02/2021)

L'indicateur de bien-être diminue en 2019

En baisse depuis 2008, l'indicateur du BFP qui mesure le bien-être actuel des Belges était en augmentation entre 2015 et 2018.

En cause, l'amélioration des composantes socioéconomiques du bien-être (voir encadré): diminution du Taux de chômage, des personnes en situation de Privation matérielle sévère ou encore des jeunes en Décrochage scolaire. D'autres indicateurs présentés dans le rapport sur les indicateurs complémentaires au PIB donnent plus de détails sur ces évolutions. Certains s'améliorent, comme le Surendettement des ménages, tandis que d'autres se détériorent, comme le nombre de Personnes bénéficiant d'un revenu d'intégration sociale ou le Risque de pauvreté.

En 2019, la détérioration de la santé et des relations sociales de la population est telle que ces améliorations sont insuffisantes pour maintenir le rebond du bien-être observé depuis 2016. L'indicateur de bien-être diminue à nouveau en 2019.

Les indicateurs de bien-être du Bureau fédéral du Plan
 
L'indicateur composite de bien-être actuel (dimension Ici et maintenant du développement durable) synthétise les cinq principales composantes du bien-être des Belges.  -La santé, mesurée par la moyenne arithmétique de trois indicateurs : Santé perçue, Limitation dans les activité quotidiennes et Maladie ou problème de longue durée.
-Le niveau de vie, mesuré par l'indicateur Privation matérielle sévère.
-La vie en société (les relations sociales), mesurée par l'indicateur Support social.
-Le travail, mesuré par les indicateurs Incapacité de travail de longue durée et Taux de chômage.
-L'éducation, mesurée par l'indicateur Décrochage scolaire.
 
La dimension Plus tard du développement durable est mesurée par quatre indicateurs de capitaux humain, social, environnemental et économique. Un indicateur doit être développé pour la dimension Ailleurs.

La détérioration de la santé, tant physique que mentale, n'est pas neuve. Elle s’observe depuis le début de la crise de 2008. En 2019, l’état de santé déclaré par les Belges se dégrade, notamment du fait d’une hausse des Problèmes de santé de longue durée et des troubles mentaux. Compte tenu de changements méthodologiques, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Néanmoins, d'autres indicateurs repris dans ce rapport ainsi que des enquêtes réalisées par d'autres organisations (Gallup World Poll, enquête Solidaris), confirment ces tendances. Cela ressort en particulier de la publication récente par le BFP d'indicateurs de santé mentale, en particulier avec trois nouveaux indicateurs (Détresse psychologique, Médicaments psychotropes remboursés et Suicide).

Jusque-là stable, les relations sociales se sont détériorées en 2019. Moins de Belges peuvent compter sur l’aide d’un proche en cas de besoin (Support social). Cette tendance est confirmée par les données d'enquêtes réalisées récemment.

L'indicateur de bien-être diminuera encore en 2020

La pandémie a bouleversé la vie des Belges. Même si les données complètes pour 2020 ne sont pas encore disponibles, le BFP a estimé l'impact de la crise sur l'indicateur de bien-être actuel à partir des données disponibles entre mars et octobre 2020. Toutes les observations pointent vers une accentuation de la baisse du bien-être déjà observée en 2019.

La santé, physique et mentale, et les relations sociales sont en effet particulièrement impactées par la pandémie et les mesures de confinement. Or, il s’agit là de deux composantes clés du bien-être en Belgique.

La pandémie a également un impact sur les composantes socio-économiques du bien-être (niveau de vie et travail), sans parler de l'éducation.

Les catégories de personnes dont le bien-être est le plus susceptible d'être affecté sont les jeunes, les femmes, les personnes vivant seules, sans diplôme du supérieur, et celles au chômage ou en incapacité de travail de longue durée, comme le précisait un rapport du BFP publié en avril dernier.

La soutenabilité du bien-être est aussi affectée par la crise

La pandémie et ses conséquences vont aussi peser sur le bien-être des générations futures. Leurs impacts sur la santé et les résultats scolaires risquent de détériorer le capital humain, pilier de la société et de l’économie. A l’instar de ce qui s’est passé lors de la crise de 2008, les capitaux social et économique risquent eux aussi de se dégrader. La pandémie a permis de réduire certains impacts des activités humaines sur l’environnement comme les émissions de gaz à effets de serre. Il s’agit toutefois d’évolutions temporaires qui ne
remettent pas en cause la détérioration du capital environnemental observée depuis le début des années 90.

Il est urgent de se pencher sur le bien-être des Belges

Cette crise touche directement au bien-être des Belges et risque d’impacter celui des générations futures.

Différentes enquêtes (Sciensano, Eurofound…) ont suivi l’évolution de certaines composantes du bien-être comme la santé mentale ou encore la qualité de nos relations sociales. Rassemblés, les différents messages qui en ressortent indiquent que le bien-être de la population est plus impacté en 2020 que lors de la crise de 2008.

De plus en plus d’études pointent les liens entre l’économie, l’environnement et le bien-être de la population en général. Il est donc aujourd’hui urgent de prendre en compte l'évolution du bien-être dans toutes ses dimensions. Le bienêtre des Belges devrait être pris en considération dans les plans de relance.

Sur le site indicators.be

L'évolution du bien-être est présentée dans le chapitre 3 du rapport sur les indicateurs complémentaires au PIB, En outre, les 70 indicateurs mis à jour aujourd'hui sur le site du Bureau fédéral du Plan (www.indicators.be) permettent d'analyser plus en détail ces évolutions. De nombreux indicateurs sont ventilés (selon le sexe, l'âge, le niveau de revenu ou d'éducation…) afin d'informer sur les inégalités. Ces indicateurs contribuent également au suivi des objectifs de développement durable de l'ONU. Le rapport sur les indicateurs complémentaires au PIB est publié dans le cadre de l'Institut des comptes nationaux.